Stèle d'art Ernst Penzoldt

Il est assez surprenant qu’un visiteur estival à Sylt soit confronté à un mauvais temps. L'écrivain Ernst Penzoldt a donné une raison plausible à cette situation, comme sa fille l'a raconté plus tard : « Il était très heureux des jours de pluie, car il n'avait alors pas à se sentir coupable d'aller à la plage – après tout, il s'était rendu à la Maison des auteurs de Kampen pour travailler. » La maison en question appartenait à l'éditeur Peter Suhrkamp et, à partir de 1937, Ernst Penzoldt y fut invité à plusieurs reprises. « J’ai l’impression d’être sur la lune », s’émerveille le visiteur, captivé par les impressions d’un autre monde : « Je m’adonne à l’oisiveté créatrice à laquelle l’île blonde magique me tente », écrit-il à un ami. Et dans une autre lettre : « Vous me demandez ce que je fais toute la journée. Rien. J'y suis complètement absorbé du matin au soir. » Eh bien, Ernst Penzoldt s'est finalement mis au travail. En 1948, il écrit le roman policier « La Perle » à Kampen, s’engageant ainsi sur un nouveau terrain : « C’est la première fois que je m’intéresse à ce genre littéraire. » Fils d’un professeur de médecine, Ernst Penzoldt a passé « une jeunesse merveilleuse, presque gâtée ». Après avoir étudié la sculpture à Weimar et à Cassel, il s'engage comme volontaire pour le service militaire en 1914. Il commence à écrire pendant la guerre. En 1922, son premier recueil de poésie est publié, huit ans plus tard, il écrit Penzoldt, dont Thomas Mann dit : « J'ai immédiatement ressenti le charme et le rang de son talent », son livre le plus réussi : « La Bande à Powenz ». Bien que Penzoldt soit originaire du sud de l'Allemagne, il développe rapidement une forte affinité avec Sylt. « Il était vraiment passionné par Kampen. Il avait même l'impression d'en être originaire », se souvient sa fille. Même si l'écrivain s'est exprimé un jour de manière assez irrespectueuse (« Quelle agitation on fait à Kampen ! Mais je ne trouve rien de spécial à ce sujet. Kampen n'est en grande partie constitué que d'air, d'eau et de sable. »), ses mots exprimaient surtout de l'affection : « Les couleurs partout ici sont enchanteresses : la lande brune, les vasières vertes, le vert argenté des dunes. La mer est toujours quelque chose de beau, de sublime ; je ne me lasse jamais de la regarder. » Et Penzoldt ne se rendait pas seulement à la plage les jours de pluie. Là, il prenait un bain de soleil nu, nageait inlassablement dans les vagues ou s'allongeait face contre terre dans le sable, triant les minuscules grains : « Certains sont clairs et ronds comme une goutte de rosée, certains sont roses, d'autres scintillent d'ambre-or. J'ai séparé chaque type selon la couleur et la coupe.